L´horizon se dégage pour les producteurs de lait. Tout le monde s´accorde pour considérer que les perspectives, pour les années qui viennent, sont favorables. Nos voisins du Nord de l´Europe en sont convaincus. En France, la filière reste encore frileuse.
Lors de l'assemblée générale de la Fédération nationale des producteurs de lait à Besançon, professionnels et experts se sont accordés pour dessiner un avenir positif à la production laitière dans les années qui viennent.
C´est le cas, notamment de la Commission européenne qui est relativement optimiste pour les 10 ans qui viennent. Matthias Brune, responsable marketing d´Arla Foods, le numéro un des coopératives laitières en Europe, avec ses 10 milliards d'euros de chiffre d´affaires est sur la même longueur d´ondes. Cette coopérative implantée en Europe du nord (Scandinavie, Allemagne, Pays-Bas, Royaume-Uni), base sa stratégie sur le développement des marchés dans les pays tiers, en Asie et en Russie, notamment. « Cela permettra d´échapper à la guerre des prix en Europe », précise-t-il.
A son poste d´observation, Philippe Chapuis, le directeur de l´agro-alimentaire au Crédit agricole constate que beaucoup d´entreprises procèdent à de lourds investissements à l´étranger, y développent des partenariats, quand elles ne procèdent pas à des acquisitions importantes. « Le contexte international est porteur, souligne t il, en raison de l´accroissement de la classe moyenne dans les pays émergents ». Selon lui, elle passera de 2 milliards d´individus en 2010 à 5 milliards en 2030, dont 3,2 en Chine.
Les Pays-Bas, déjà fortement exportateurs de produits laitiers estiment que leur relais de croissance se trouve toujours hors de leurs frontières.
Avantages comparatifs
La France sera-t-elle en mesure de prendre sa part du gâteau ? Katrine Lecornu, présidente d´European Dairy Farmers Europe, une association qui regroupe des éleveurs laitiers européens considère que la France pourrait être « le modèle de développement » de la production laitière à l´avenir, grâce aux atouts dont elle dispose. Notre pays est envié par les Irlandais qui veulent augmenter leur production de 50 % mais « qui ne peuvent pas faire d´ensilage de maïs ». Les agriculteurs danois superendettés, observent que les Français « ont un taux d´endettement de rêve ». Les Allemands déplorent que la production de maïs, dans leur pays, soit détournée vers la production de biogaz, ce qui renchérit le foncier. Les Anglais aimeraient « être soutenus comme les Français par les pouvoirs publics ». Quant aux Néerlandais, ils jalousent nos espaces, alors que chez eux les terres sont saturées et les contraintes environnementales pèsent très lourd.
La difficulté est que les producteurs français ne partagent pas (encore ?) cet optimisme nordique. Ils dénoncent les contraintes environnementales qui les empêchent d´investir. Comme la tendance bien française de l´administration à « surtransposer » les directives européennes. Sans parler de la frilosité des entreprises de transformation qui n´offrent pas de perspectives aux éleveurs qui voudraient investir et développer leur production.
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